Urbanistes en Europe.

Contribution de Dominique Lancrenon, Urbaniste,

Présidente d’honneur du Conseil Européen des Urbanistes et de la Société Française des Urbanistes :

 

« Les enjeux et rôles possibles des territoires dans les débats européens et notamment à l’occasion des élections européennes de 2019 et de redéfinition des politiques et programmes de l’Union européenne après 2020. »

Le Conseil Européen des Urbanistes rassemble 50 000 urbanistes en Europe, à travers leurs associations nationales. En France la SFU et l’OPQU y sont représentés.

Fondé en 1985, il s’est progressivement développé ; passant de 6 pays représentés à 22 pays aujourd’hui.

Son ambition est de s’ouvrir aux urbanistes des 47 pays qui constituent le Conseil de l’Europe.

Les urbanistes des 22 pays rassemblés au sein du ECTP-CEU, y présentent leurs conditions d’exercice professionnel, les universités qui les forment, la réglementation et les contacts ministériels et presses de chacun des pays : http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/members.

Un guide sur la qualification et la déontologie professionnelle a été approuvé en octobre 2017 afin d’améliorer les échanges européens :

http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/publications-8/the-charter-of-european-planning-214

Pour la redéfinition des programmes et politiques de l’Union Européenne, le Conseil Européen des Urbanistes appelle à l’action en demandant à ce que soient adoptés les principes de la Charte de l’Urbanisme Européen pour les villes et les territoires et régions d’Europe :

http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/publications-8/the-charter-of-european-planning-213

La Charte propose une vision et un projet partagés pour une action collaborative à tous les niveaux de la société civile.

La vision pour les villes et régions territoires d’Europe propose :

  • Des Villes et Territoires intégrés et connectés dans l’espace et le temps
  • La cohésion sociale, à travers l’équité d’accès, la diversité culturelle, l’implication des communautés, le développement des liens intergénérationnels, les transports et l’habitat.
  • L’intégration économique, recherchant l’équilibre entre la mondialisation et la spécialisation régionale, valorisant les réseaux de villes et de métropoles, y compris dans les régions périphériques.
  • L’intégration environnementale, avec le développement de l’économie circulaire au service de la qualité de vie, de la préservation des ressources, de la valorisation des éco systèmes, la reconnaissance des paysages, et l’engagement dans la transition énergétique.
  • L’intégration spatiale des politiques et des stratégies avec une attention particulière à ce qui constitue nos espaces partagés, et l’engagement des processus participatifs.

La Charte présente également les engagements des Urbanistes pour passer à l’action, en tant que leaders du changement, scientifiques, concepteurs et visionnaires, conseillers stratégiques et médiateurs, et gestionnaires des villes et des territoires.

Une priorité pour le Conseil Européen des Urbanistes est le développement de la démocratie participative.

Elle appelle les villes et territoires d’Europe à s’engager dans la mise en œuvre de la Charte Européenne de la Démocratie participative liée aux processus d’aménagement du territoire.

http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/publications-8/charter-of-participatory

Les 10 étapes du processus de démocratie participative :

Favoriser les décisions coproduites et animées par l’intérêt général

Permettre une appropriation partagée et une acceptation commune des plans, politiques, programme d’actions pour l’intérêt général

Impliquer tous les groupes de la société civile dans le processus

Former et Informer avec une implication forte des urbanistes dans le processus

Définir les règles opérationnelles et juridiques

Permettre une expression large et multiforme

Développer une participation continue dans le temps long

S’appuyer sur l’expertise indépendante des urbanistes

Protéger les droits des individus et des communautés avec la mise en place d’un processus d’appel indépendant

Encourager le développement et la diffusion des bonnes pratiques en matière de démocratie participative dans les territoires européens.

Plusieurs élus ont aujourd’hui signé cette Charte :

Le Ministre de la Région Capitale de Bruxelles,

Le Président de la CoTer au Comité des Régions d’Europe,

La Sénatrice de Berlin, au Comité des Régions d’Europe,

Le Président de la Métropole Européenne de Lille,

Le Bourgmestre de la ville de Leuven,

La Députée de la Province des Flandres de l’Est, et les Bourgmestres de Deinze, Herzele et de Sint-Niklaas.

Le Conseil Européen des Urbanistes souhaite avec ses membres proposer un service d’aide à l’urbanisme aux citoyens des villes et territoires d’Europe dans les années à venir afin d’accompagner la révolution en cours dans la mise en œuvre de la démocratie participative pour l’aménagement des territoires.

Dans un premier temps, il envisage de développer le cercle des signataires de la Charte avec lesquels il se propose d’organiser ce service d’aide à l’urbanisme au service des citoyens.

La mise en valeur des pratiques professionnelles des urbanistes fait l’objet de 3 actions principales :

L’organisation tous les ans d’un atelier des jeunes urbanistes qui développent une thématique d’urbanisme en parallèle du Grand Prix Européen de l’Urbanisme ou de la Biennale Européenne des Villes et des urbanistes. http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/youngplanners

La biennale européenne des villes et des urbanistes. http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/biennal-31

Le Grand Prix Européen de l’Urbanisme http://www.ectp-ceu.eu/index.php/en/awards

Le Conseil Européen des Urbanistes développe des partenariats pour ces différentes activités, avec les villes et les territoires, avec les universités et les centres de recherche, avec les entreprises qui s’engagent à ses côtés.

Ainsi, suite au Grand Prix Européen de l’Urbanisme 2018 organisé sur le thème Villes et Aéroports,

la Fondation Metropoli, le Comité des Régions, la Commission Européenne à travers la DG Transport et le Groupe Aéroport de Paris ont accompagné les travaux réalisés.

Les principales recommandations qui ressortent des débats sont :

1- Les aéroports, comme les ports, ne sont plus seulement des zones fonctionnelles pour les voyageurs, ils deviennent des quartiers de ville à part entière, et leur identité culturelle et paysagère s’affirme.

2- Une stratégie spatiale globale prenant en compte l'aéroport comme cœur de la zone métropolitaine et régionale est indispensable à établir avec l’ensemble des acteurs de la société civile, afin d’en répartir au mieux les bénéfices.

3- Les limites de l’aéroport seront plus flexibles à l’avenir, les services aéroportuaires s’intégrant dans la ville, y compris sur des sujets comme la sécurité des accès, l’enregistrement des bagages.

4- L'impact carbone et l'efficacité énergétique, la protection contre le bruit, l’inscription dans les écosystèmes des ressources, doivent être autant de priorités pour les aéroports de demain dans le cadre de la stratégie de durabilité métropolitaine.

5- La structure polycentrique des villes européennes demande à être repensée dans l’articulation des échelles entre les systèmes urbains interconnectés entre eux, aux niveaux local, régional, inter-régional.

En guise de conclusion :

Les territoires et villes d’Europe développent leur capacité en matière d’urbanisme et de planification urbaine en y impliquant toujours davantage les citoyens, avec lesquels ils construisent des partenariats et des projets innovants.

Les programmes européens de la période 2020 2026 doivent plus que jamais les soutenir dans cette démarche et encourager leurs initiatives.

Le Conseil Européen des Urbanistes souhaitent développer la profession au service de cette ambition forte pour les démocraties d’Europe.